Tout d’abord, les entreprises reconnaissent que la RSE répond aux attentes croissantes des consommateurs. Les clients sont de plus en plus soucieux de l’impact social et environnemental des produits et services qu’ils achètent. Une stratégie RSE bien définie peut donc être un facteur différenciant sur le marché, permettant d’attirer et de fidéliser une clientèle de plus en plus sensible à ces enjeux.
Les investisseurs intègrent de plus en plus les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans leurs décisions. Les entreprises qui s’engagent dans une démarche RSE sont donc plus attractives pour eux, ce qui peut se traduire par un accès facilité au financement et des coûts de capitaux plus avantageux. Si elles sont attractives pour les investisseurs, elles le sont également pour les jeunes talents. L’adoption d’une stratégie RSE permet aussi la fidélisation des effectifs.
Par ailleurs, la mise en place de pratiques durables peut permettre aux entreprises de réaliser des économies et d’améliorer leur efficacité opérationnelle. La réduction de la consommation d’énergie, la gestion responsable des déchets ou encore l’optimisation des processus de production sont autant de leviers qui peuvent contribuer à réduire les coûts et à accroître la rentabilité.
L’obligation de mettre en place une stratégie RSE a un impact significatif sur les entreprises, notamment celles qui dépendent fortement des ressources fossiles. En effet, tous les types d’entreprises, de la TPE à la multinationale, sont de plus en plus soumis à des obligations légales et réglementaires en matière de RSE, qui exigent une transparence accrue, une gestion responsable de leurs activités et une prise en compte des impacts sociaux et environnementaux de leurs opérations. Se conformer à ces obligations devient non seulement une nécessité juridique, mais aussi un impératif économique et moral dans un contexte où la durabilité est devenue un facteur clé de compétitivité et de légitimité.
Keihann Yavari est ingénieur et coordinateur CO2 pour l’Isolation du groupe Saint-Gobain qu’il a rejoint il y a six ans. Il a d’abord activement participé aux questions RSE-durabilité au sein du centre de recherche et de développement, basé à Compiègne, mais a aussi initié les ateliers Fresque du Climat essaimant désormais à l’échelle du groupe, soit pour toucher au moins 80% des plus de 160 000 collaborateurs répartis dans 75 pays !
Genèse. « Je connaissais la Fresque du Climat à titre privé. Puis nous avons organisé des ateliers pour tous les collaborateurs du centre de recherche. Je trouvais que cela avait du sens dans un groupe affichant des engagements forts au niveau RSE. Qui plus est avec un outil collaboratif qui permet à chacun de prendre conscience des problématiques et du rôle qu’il peut jouer. On n’est pas dans le cadre d’un cours magistral qui pourrait être soporifique, ou d’une conférence qui peut faire peur et être paralysante : là, c’est un jeu, qui engage à la fois individuellement et collectivement, et qui laisse aussi place à une réflexion intellectuelle et émotionnelle qui ne s’opère pas au même rythme pour chacun. »
Essaimage. « En 2022, c’est le comité exécutif qui s’est plié à l’exercice. Et nos dirigeants ont beaucoup apprécié, au point de nous lancer un défi : faire en sorte que 80% de nos collaborateurs – plus de 160 000 répartis dans 75 pays (soit un objectif de plus de 130 000 salariés touchés) – aient participé à une Fresque du Climat d’ici fin 2025 ! Nous en sommes à 34 000 fin 2023, et nous serons à 84 000 fin 2024. Une équipe projet a pour cela été montée, laquelle a formé 1 300 animateurs un peu partout. Car bien entendu, on ne fait pas prendre l’avion aux animateurs pour aller organiser une Fresque du Climat aux salariés des Etats-Unis, du Mexique ou du Brésil, ça n’aurait pas de sens ! »
Onde de choc. « Tout n’est pas parfait mais nous avons convaincu certains récalcitrants des enjeux et dangers, et c’est une victoire. Que chacun fasse un geste, même petit, est essentiel. Derrière, il nous faut capitaliser là-dessus. Les plus concernés ont rejoint des groupes de travail qui réfléchissent à la façon dont le groupe peut encore avancer sur les questions environnementales. On a aussi doté les collaborateurs qui le souhaitaient d’un calculateur individuel d’empreinte carbone (…). Ce qui est intéressant, ce sont aussi les témoignages que nous recevons. Certains nous disent ne plus vouloir passer des vacances dans des lieux paradisiaques à l’autre bout du monde mais plutôt privilégier la proximité en famille ! »
Pour en savoir plus :
https://www.saint-gobain.com/fr
Concilier économie et écologie, nouvelle concorde pour un envol entrepreneurial rentable et vertueux
Il s’est pendant quinze ans fourbi les plumes et musclé le bec dans le secteur du transport et de la livraison de marchandises en mode « classique ». Et puis, voilà 7 ans, Vincent de Guillebon, aspiré par le vent entrepreneurial, a choisi de quitter le nid pour voler de ses propres ailes. Avec l’envie d’embarquer au décollage ses convictions écologiques.
Ainsi est née Citeliv. Une entreprise de transport et livraison de marchandises, aussi, qui, à l’échelle de la métropole lilloise, prend en charge tout type de colis, en ne rognant ni sur rapidité ni sur la traçabilité, et avec la garantie que le tout s’accomplira de façon indolore pour l’environnement. Pour cela, une flotte de véhicules non-polluants, sans émission de CO2. Cerise sur le gâteau : ça ne coûte pas plus cher !
Un septennat plus tard, Citeliv compte une quarantaine de collaborateurs et affiche un CA de 1,8 M€ en 2023. Un modèle remarquable, et remarqué, qui permet à la compagnie d’ambitionner voler plus haut et plus loin, pour atterrir dans d’autres agglos, via des contrats de concession…
Qu’attend Vincent de Guillebon de son expert-comptable sur les questions RSE ? « Nous avons nos propres indicateurs en interne pour mesurer et suivre nos performances environnementales et sociales. Nous savons donc que nous travaillons bien ! Mais l’idée, c’est que tout le monde puisse le voir et le savoir, selon des indicateurs communs, rationalisés, centralisés, verrouillés, les mêmes pour tous ! »
Travailler dans le milieu du pneu, sans se dégonfler face aux enjeux sociétaux et environnementaux…
Wyz Group (140 M€ de CA en 2023) et son fondateur illustrent parfaitement l’exemple d’une entreprise qui a su allier succès économique et engagement en faveur de la transition écologique. Fonctionnant à « la disruption » pour carburant, Pierre Guirard propose des solutions digitales permettant de mieux gérer les flux entre les vendeurs et les acheteurs de pneumatiques, en favorisant l’usage de pneus existants. Wyz favorise aussi les partenariats locaux, histoire d’éviter à ses clients de brûler trop de gomme entre les points de stockage et de livraison…
Là où Wyz Group peut aussi se gonfler d’orgueil sur le plan RSE, c’est sur ce qui est mis en place en interne : “On a un comité ad hoc qui se réunit toutes les 6-8 semaines. On y réfléchit en permanence aux pistes d’amélioration.” Le groupe a ainsi implanté ses bureaux dans des locaux neufs et moins énergivores, dotés de salles de yoga, de détente avec cafétéria… Et quand les abeilles travailleuses ne font pas « bzzz » chez Wyz, elles profitent d’une politique télétravail généreuse. L’équité hommes-femmes est également dans l’ADN de l’entreprise…
En 2018, sous le parrainage de Philippe Croizon, grande figure du monde handisport, les « Wyz » ont ainsi rallié à la nage Quiberon à Belle-Île-en-Mer, soit 15 km engloutis en 6h15 ! En 2019, ils ont parcouru 1 650 km en VTT entre Lille et Nice. Depuis, les virtuoses du pneu enchaînent, sans crevaison, les triathlons XXL, dont le dernier, en 2023, avait lieu en Espagne.
Et si vous aussi semiez les graines de la permaentreprise ?
Vous vous souvenez de l’an 2000 ? Doux prosélytes et furieux prophètes nous promettaient un ouragan de catastrophes, si ce n’est pas carrément l’apocalypse. Leurs espoirs seront déçus : pas de grand bogue, même pas un petit bug à déplorer… C’est aussi à cette époque-là qu’est apparu le concept de RSE. Et là encore, les plus sceptiques prédisaient un cataclysme pour des entrepreneurs estimant de toute façon qu’ils avaient d’autres chats à fouetter que de faire en sorte qu’on n’ait pas une vie de chien…
Sylvain Bleuzard, lui, s’y est tout de suite intéressé. Et le fondateur de Norsys, référence dans le domaine du conseil en assistance à maîtrise d’ouvrage et ingénierie informatique, ne s’en porte pas plus mal. Loin, très loin de là… La société, qui emploie aujourd’hui 750 personnes, essaime partout en France (Lille, Paris, Lyon, Nantes, Tours, Grenoble, Sophia Antipolis, Aix-en-Provence, Toulouse) et au Maroc (Marrakech). Chiffre d’affaire : 57 millions d’euros (2023). Et devinez quoi ? Tout ça en suivant un modèle vertueux de développement qui concilie excellence économique, accomplissement humain, performances sociétale et environnementale. Ambition ? « Norsys ne cherche pas à être la meilleure entreprise au monde, mais la meilleure pour le monde ».
Un patron heureux, des salariés comblés, une entreprise performante : ça s’est vu et ça s’est su, forcément. Et sollicité, Sylvain Breuzard s’est d’autant plus plu à raconter sa success story qu’il se lamentait de voir, vingt ans plus tard, un concept de RSE resté en quelque sorte à l’état embryonnaire. « Le monde ne serait pas ce qu’il est si la politique RSE avait été mise en place convenablement, dit-il. Mais beaucoup d’entreprises n’ont pas joué le jeu, au mieux en refusant de supporter les contraintes, au pire en faisant semblant ». Quand lui a lancé sa fondation d’entreprise en 2003, mis en place un plan de lutte contre les discriminations en 2005, et fait son premier bilan carbone en 2007 !
Car la RSE, c’est pourtant simple et ça ne fait pas mal. Et c’est ce que Sylvain Breuzard s’applique depuis à démontrer. Il en fait un livre, Permaentreprise, au gré duquel il ne se contente pas d’expliquer que ça marche, mais distille aussi et surtout des conseils et une méthode très pragmatique. Comme vous l’aurez compris, son concept de permaentreprise s’inspire de la permaculture. Il s’articule autour de quatre éthiques fondamentales : prendre soin des humains, préserver l’environnement, se fixer des limites (de production et de consommation) et redistribuer équitablement les richesses. Ensuite faut-il se donner douze principes (je fais un usage plus sobre des ressources non renouvelables…) et vingt-quatre objectifs d’impact « indissociables et incontournables » (je réduis l’écart entre les salaires…) pour parvenir à ses fins.
« C’est passionnant à imaginer et à mettre en application. C’est l’occasion d’embarquer vos salariés dans l’aventure, de les fidéliser, de les accompagner dans la création d’un cercle vertueux. Résultat ? Je n’ai par exemple quasiment pas d’absentéisme dans mon entreprise. Et là où le turn over du personnel est autour des 25% dans ma branche, je ne suis qu’à à peine 12% ! », appuie Sylvain Breuzard, qui y voit qui plus est là un argument contre les sceptiques estimant que ça coûte cher et que c’est chronophage.
Et si vous aussi semiez les graines de la permaentreprise ? On vous « spoile » la fin : la récolte est forcément belle.
Pour en savoir plus :
https://www.norsys.fr/
et https://www.permaentreprise.fr/
Quelle est votre niveau de conscience des enjeux RSE ?
Dans une TPE, comme la nôtre, bien souvent on pense que la RSE ce n’est pas pour nous. Nous produisons de la prestation intellectuelle, donc a priori, pas d’impact ! Mais, j’ai pris conscience, à l’occasion d’une fresque du climat réalisée, à titre personnel, que nous étions actifs dans la production de CO2, mais surtout que nous pouvions être actifs pour sensibiliser notre écosystème et pour cela, rien de tel que de s’y mettre soi-même.
Nous faisions déjà le minimum : télétravail, usage de véhicules électriques, tri des déchets, diminution de l’usage du papier, etc… Mais récemment, j’ai décidé d’inscrire l’agence dans une démarche plus globale.
Qu’avez-vous entrepris ?
D’abord, nous avons choisi de rejoindre la grande coalition pour le climat lancée par Team For the Planet. C’est symbolique, mais cela m’a permis de m’informer et de disposer d’outils pour évaluer notre impact et mettre en place des actions concrètes.
Nous venons de lancer une auto-évaluation via la plateforme Zei, qui nous propose un diagnostic assez poussé de notre politique RSE. Cela m’a permis de me rendre compte de l’ampleur de notre champ d’actions, notamment sur le social ou le développement durable. J’ai par exemple découvert la puissance de l’ancrage territorial, notamment à travers le soutien à des actions solidaires… en s’investissant davantage sur son territoire, on crée des liens vertueux pour son entreprise et pour le monde !
Quelles sont les prochaines étapes ?
Associer les équipes de l’agence ! Cela prend du temps. Nous devons inscrire cette démarche dans notre quotidien et surtout prendre le temps de co-construire certaines nouvelles façons de faire. Notre plus grande difficulté : dégager du temps pour cela ! Changer collectivement demande de la volonté, du temps, de la concertation et peut-être un peu de renoncement. Mais, c’est désormais une évidence pour moi, nous avons un impact et devons être à la hauteur pour agir.
Ne dites pas entreprise « à taille humaine », mais humaine, tout simplement !
Le rapport RSE du groupe Décima pèse ainsi aussi lourd que son rapport comptable et financier. Car au-delà des actions au long cours, répondant à des exigences devenues classiques, Jérôme Décima aime sans cesse à innover sur le plan sociétal. Dernier exemple en date ? L’opération Incroyables Talents à l’échelle de l’entreprise. « Ça nous a permis de découvrir qu’on avait dans nos rangs des talents cachés : un coutelier, un luthier, un pilote de moto… On a fait des reportages vidéo pour les mettre en avant. Ça permet de remettre du dialogue là où il n’y en avait plus… »
Autre probant exemple ? « On a installé un jardin participatif derrière l’atelier. Ce sont les salariés qui s’en occupent. Les gars qui travaillent sur le terrain y font leur marché tous les matins. » Sur quelque 1500 m2, jouxtant ce jardin, ont aussi été semées des plantes mellifères pour alimenter dix ruches dans lesquelles ont élu domicile 800 000 abeilles ! « On distribue le miel aux collaborateurs », et même aux anciens du groupe, que Jérôme Décima convie au moins deux fois par an pour un repas convivial avec les troupes actuelles.
On pourrait encore vous parler des tables de ping-pong, de la salle de billard, de la boutique de vêtements techniques implantée au cœur même de l’atelier, des arbres de Noël, des barbecues avec les clients et fournisseurs… « Tout cela contribue à créer un écosystème, résume Jérôme Décima. Dans lequel il fait bon travailler et rester. Et puis, c’est un terreau fertile à l’innovation. C’est sans doute ce qui nous permet de nous démarquer. »
« Avec moins, faire mieux », ou l’éloge de la durabilité en mode expert
« Je vais bien. Mon entreprise va bien. Bref, tout va bien ! » La phrase est de Christian Rocquet. Non, le patron de Quadra Diffusion n’a pas fait une overdose de CBD. C’est simplement que, pour lui, les notions de RSE et de durabilité n’ont rien de fumeuses. Il s’en nourrit ainsi depuis plus de douze ans, et grâce à cette prise de conscience précoce, il n’a aujourd’hui nul besoin d’artifice pour planer, tant sur le plan professionnel que dans sa vie personnelle.
Bon, il ne partait pas non plus de trop loin. Quand il crée sa société en 1998 pour développer des logiciels métiers pour le marché de l’immobilier public (HLM), Christian Rocquet avait déjà chevillée au corps la conviction, altruiste et philanthrope, qu’une entreprise responsable est une entreprise rentable, et vice-versa, et qu’une seule vision mercantile de l’économie ne peut satisfaire un patron toute une vie. Un postulat qui ne changera pas, bien au contraire, au moment de la mutation de sa « boîte » en Quadra Diffusion, devenue une référence dans le secteur de l’édition de logiciels sur les marchés de l’immobilier et de l’affichage publicitaire. C’est au sein de cette entreprise qu’il s’est mis à concevoir autrement la vie entrepreneuriale, en y intégrant des questions de durabilité qui l’ont conduit à revoir son propre modèle économique, et en se fixant un objectif : « Avec moins, faire mieux ».
Christian Rocquet pense ce qu’il dit et fait ce qu’il pense. Mais ce qui l’intéresse aussi et surtout, « c’est de transmettre ». Alors l’homme s’est-il mis en tête de convaincre ses pairs entrepreneurs du bien-fondé d’une démarche au gré de laquelle « les vieux modèles économiques doivent être dépoussiérés pour prendre en considération les enjeux de la durabilité ». L’idée, c’est de sortir d’un paradigme uniquement guidé par une mortifère équation production-consommation, pour lui substituer un modèle serviciel, celui d’« une économie de la fonctionnalité et de la coopération » au cœur de laquelle les questions environnementales et sociétales occupent une place essentielle. Avec un maître-mot : adaptabilité. Ce modèle, celui qui est aussi membre du CJD et du réseau Alliance, en assure la remuante et probante promotion au sein du Club Noé, qui fédère des acteurs économiques des Hauts-de-France « prêts à remettre en question leurs modes d’organisation et de production pour faire converger intérêts économiques et enjeux sociaux et environnementaux ».
Si Christian Rocquet avait un conseil à donner aux experts-comptables et commissaires aux comptes désormais appelés à auditer des questions RSE pour leurs clients, c’est de foncer sans trop se poser de questions ! « La déréglementation de leurs professions fait qu’il leur faut sortir de cette logique d’accompagnement uniquement sur les chiffres. On a beau adorer notre expert-comptable ou notre commissaire aux comptes, s’il ne devient pas notre interlocuteur sur les rapports extra-financiers comme il l’est pour le reste, alors il y a de forte chance qu’on change de crèmerie pour voir quelqu’un qui se charge de tout, qui plus est si on accorde beaucoup d’intérêt à la matière. Parce que ces rapports vont prendre de plus en plus d’importance, par exemple dans les négociations avec les banques qui font de la RSE un critère essentiel, comme auprès de nos propres clients qui peuvent être de plus en plus exigeants sur ces questions dans leurs appels d’offres… »
10, rue de Tenremonde – 59000 Lille
03 20 15 80 80