Vous venez d’être réélu à la tête de la Chambre de Métiers des Hauts-de-France pour un nouveau mandat à un moment économique à la fois difficile et en pleine mutation. Dans ce contexte, quels sont les axes principaux de votre projet pour les artisans de la région ?
Nous venons de passer une période inédite, à laquelle personne n’était préparé ! Nous, artisans, avons vécu des périodes de détresse, des périodes de doute, et des joies aussi, fort heureusement.
On a su s’adapter, et répondre aux besoins des citoyens, des consommateurs, qui ont redécouvert le commerce de proximité. Nous avons été en première ligne, on a été essentiels ! Je salue d’ailleurs le travail colossal des experts-comptables, qui ont remarquablement accompagné nos entreprises pendant cette crise. Avec mes collègues élus à la Chambre de Métiers, nous travaillons à sécuriser « aujourd’hui », le court terme, et à préparer demain. Car de cette crise, il restera de nouveaux modes de consommer, de travailler, des aspirations environnementales également, et nous devons préparer cette transition de l’artisanat pour le projeter à 2025 / 2030. C’est pourquoi les trois piliers, sur lesquels est construite cette mandature, sont le développement économique, les compétences et les territoires. Concrètement, cela passe par un engagement de proximité pour le développement de l’artisanat et l’accompagnement des entreprises notamment en matière de transition écologique et numérique.
En ce premier trimestre 2022, comment se portent les artisans de notre région ? quel est leur état d’esprit, leur moral et quelles sont les perspectives qui s’offrent à eux ?
Au premier trimestre, nous avons constaté que 70% des artisans ne rencontrent pas de difficultés économiques particulières, mais seulement 17% envisagent de l’investissement pour le trimestre prochain. Les signes de reprise sont évidents et les aides de l’État ont pu soutenir les artisans durant cette période compliquée, mais nous ne cessons d’être vigilants après plus de deux ans de pandémie. Nous avons des secteurs sur lesquels nous avons un suivi particulier, tels les métiers satellites de l’événementiel.
Globalement, l’artisanat est et reste fort dynamique.
Sur le plan des recrutements, les métiers de l’artisanat sont-ils en tension ? Que mettez-vous en œuvre pour attirer les jeunes vers vos métiers ?
Nous le voyons, le secteur de l’artisanat a connu un boom des vocations. Le secteur étant très dynamique, nous avons de forts besoins de compétences. Nous avons besoin de jeunes pour accompagner le développement de nos entreprises, et à moyen et long terme d’une génération de repreneurs. Le sourcing des candidats est également un sujet d’actualité, le fil conducteur même des semaines à venir.
C’est pour ces raisons que nous allons engager un programme « pro apprentissage » à la CMA, et ferons également appel à nos partenaires de l’emploi. Nous devons collectivement investir dans la formation des jeunes, notamment par l’apprentissage. Je rappelle que nos métiers de l’artisanat sont des emplois d’avenir non-délocalisables et valorisants : 88% de nos apprentis trouvent un emploi dans les 6 mois et la moitié créeront leur entreprise dans les 10 ans !
Sur le plan de la nécessaire digitalisation des TPE-PME, comment voyez-vous celle des artisans ?
La CMA a un rôle majeur dans l’accompagnement et la formation des artisans vers des organisations plus connectées à leurs clients, à leur environnement et des modes de fonctionnement plus performants grâce à des services numériques adaptés à l’artisanat. Nous voulons mieux identifier et soutenir des services numériques « pro économie de proximité ». Des services qui créent de la valeur pour nos artisans. Nous voulons aussi faire du numérique un vecteur de modernité de nos entreprises pour les rendre plus performantes et plus attractives. Nous voulons aller plus loin sur ce sujet, c’est pourquoi j’ai créé une Vice-Présidence à la transition numérique et au digital, afin de continuer à développer nos services et accompagner les 110 000 artisans des Hauts-de-France, au plus proche de leurs problématiques.
Et il y a encore fort à faire, notamment dans l’accompagnement à la visibilité des entreprises artisanales sur internet, la cyber sécurité ou tout simplement la création de leur site marchand (4 TPE-PME sur 5 n’en ont pas). Enfin, sur l’année 2021, nous avons réalisé plus de 900 diagnostics et 800 accompagnements dédiés au numérique. Nous avançons, et continuerons à nous mobiliser sur ce sujet stratégique ! Les comportements des consommateurs ont évolué, il faut être présent en ligne, mais également digitaliser le fonctionnement de l’entreprise, comme demain la facturation. La pandémie a permis une meilleure prise de conscience sur le sujet, c’est pourquoi nous nous sommes donnés les moyens pour mieux accompagner les artisans.
1. La facture électronique
2. L’accompagnement du Conseil régional de l’Ordre
3. > Les politiques numériques régionales
10, rue de Tenremonde – 59000 Lille
03 20 15 80 80