Grâce aux nouveaux outils émergents, notamment avec l’expansion du digital dans toutes les sphères de la société, la profession a rapidement su s’adapter et intégrer les nouveaux modes de communication – dont les réseaux et médias sociaux ou encore l’événementiel – pour dynamiser l’image de la profession. Mais d’autres approches, certaines plus atypiques que d’autres, se réinventent en continu pour la promouvoir d’une manière différente et atteindre un public encore plus large.
C’est la voie choisie par Isabelle de KERVILER, qui a été expert-comptable et commissaire aux comptes, autrice de la bande dessinée intitulée Dessine-moi la compta. Le 25 juin dernier, Isabelle de KERVILER a présenté son œuvre aux quelques milliers de visiteurs qui se sont rendus à Amiens pour les « 27es Rendez-vous de la bande dessinée », un rendez-vous culturel annuel incontournable dans la région ! A la croisée des chemins entre art et pédagogie, l’autrice utilise un moyen original pour rendre attractif la profession. Les élus des instances, Amélie FLEURY, Présidente de la commission communication du Conseil régional de l’Ordre, et François GERARD, Elu de la Compagnie, sont allés à sa rencontre.
Les instances œuvrent régulièrement pour trouver de nouveaux moyens de rendre les métiers du conseil et du chiffre plus accessibles et plus dynamiques. Et le plan d’actions s’adresse désormais à une double cible, interne et externe. Que ce soit par l’organisation d’événements divers dédiés aux jeunes, d’activités sportives pour fédérer les équipes ou encore de journées de formation au numérique pour accompagner les collaborateurs dans la transition digitale, ces actions ont toutes cet objectif de mise à l’honneur des compétences de la profession afin d’attirer les jeunes vers le secteur et plus largement de fidéliser les équipes.
C’est en ce sens que les membres des instances soutiennent les projets et initiatives qui visent à sensibiliser et démystifier l’image traditionnelle de la profession. Quel meilleur moyen que d’associer les outils de communication classiques à d’autres modèles d’expression tout aussi enrichissants ? Le 9e art est une manière novatrice de transmettre au grand public la passion des métiers, de faciliter la compréhension des diverses missions et opportunités du secteur, de présenter la profession de manière ludique et attrayante et d’inspirer de nouvelles vocations à travers toutes les opportunités possibles au sein des cabinets. S’ouvrir à d’autres domaines permet ainsi de se réactualiser et de témoigner de la force de la profession à utiliser les outils extérieurs pour se diversifier et se redéfinir.
Aujourd’hui, les professionnels disposent de nombreux moyens pour créer un véritable engagement et susciter un intérêt différent, en plongeant le public dans leur univers de manière toujours plus divertissante et originale. Ces nouveaux outils jouent un rôle essentiel dans la transformation de l’attractivité de la profession, attirant de nouveaux talents et inspirant une nouvelle génération de professionnels compétents et passionnés.
Isabelle de KERVILER a été expert-comptable et commissaire, elle est l’autrice de la bande dessinée Dessine-moi la compta.
Présentez-vous !
J’ai été pendant des années expert-comptable, commissaire aux comptes et expert agréée par la Cour de cassation. Ma formation est variée : je suis diplômée de Sciences Po Paris et de l’Ecole du Louvre et je suis également docteur en économie. J’ai été diplômée d’expertise comptable en 1986 et j’ai mené ma carrière en tant qu’associée dans un cabinet d’audit à Paris. Au sein de la profession, j’ai eu le plaisir d’exercer une fonction d’élue au Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (aujourd’hui nommé le Conseil national de l’Ordre des experts-comptables) de 1988 à 1994. J’ai également présidé la commission « Secteur public » de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes en 2009 et 2010. Enfin, j’ai occupé des fonctions politiques au sein du Conseil de Paris et du Conseil régional d’Île de France. J’ai en effet commencé très jeune à faire de la politique, dès ma sortie de Sciences Po à 19 ans ! Je suis ravie d’avoir eu l’opportunité de venir présenter mon ouvrage à l’occasion de l’édition 2023 du festival de la BD d’Amiens et d’y rencontrer les représentants des instances régionales.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire une BD sur la comptabilité ?
La BD s’intitule « Dessine-moi la compta » et est éditée chez Dunod. La première édition est sortie en 2021 et la seconde est programmée pour la fin 2023. Avant cela, j’ai publié 7 ouvrages sur les thématiques de la comptabilité et de la fiscalité. Au-delà de mon attrait pour l’enseignement et la recherche, j’ai eu envie de rendre accessible la comptabilité. J’ai donc réfléchi à la façon de proposer un langage simple pour en expliquer les règles. Parallèlement, l’envie d’écrire cette BD a été étroitement liée à ma carrière politique, qui a été fort intéressante grâce à mes connaissances en finance et en comptabilité. Mon parcours universitaire et pluri disciplinaire m’a permis d’acquérir rapidement des responsabilités en tant qu’élue, et plus particulièrement à la Mairie de Paris : j’ai d’abord travaillé aux côtés d’Alain JUPPÉ (Adjoint aux finances) puis je suis devenue Adjointe de Jacques CHIRAC en charge du développement économique. Ma vie politique m’a aidée dans ma carrière professionnelle et inversement. Tout cela a été possible grâce à la maîtrise de la comptabilité ; c’est donc tout naturellement que j’ai voulu lui rendre ce qu’elle m’avait apporté.
Comment s’est déroulée l’écriture de cette BD ? Quel a été son cheminement ?
L’écriture de cette BD a commencé il y a de nombreuses années, vers les années 2000 et a pu se concrétiser grâce à plus de 40 ans d’expérience. La première difficulté, pour répondre à mon objectif de simplification, a été de trouver la « progressivité » dans mes explications. C’est alors que j’ai pensé au personnage de Louis qui allait évoluer au fil des années. Finalement, le lecteur suivra l’apprentissage de Louis à la comptabilité, de son enfance à l’âge adulte. La comptabilité est une langue universelle basée sur le cash, qui explique d’où vient l’argent (ce sont les ressources) et où va l’argent (ce sont les emplois). Cette méthode « emplois-ressources » est valable dans tous les pays du monde. Il était important pour moi de réconcilier les lecteurs avec les chiffres, progressivement et de façon ludique. Je vous invite à découvrir cette méthode en lisant Dessine-moi la compta !
Comment avez-vous rencontré le dessinateur et comment avez-vous travaillé ensemble ?
Le dessinateur de Dessine-moi la compta se nomme Etienne APPERT. Il est auteur de bandes dessinées, illustrateur et accompagnant par le dessin. Il utilise le dessin pour faciliter la compréhension de notions complexes et pour aider les acteurs des entreprises à mieux dialoguer. Il avait donc le profil idéal pour m’accompagner sur cet ouvrage ! La mise en relation a été faite par les éditions Dunod et cela a tout de suite fonctionné. Rien n’a été laissé au hasard. Etienne a commencé son travail d’illustration quand le manuscrit a été terminé et a œuvré pour rendre attractif mon texte dans une vision de co-construction ludique voire amusante. Il a d’ailleurs parfaitement compris la comptabilité en lisant mon livre ! Pour terminer, j’ai également travaillé avec un graphiste qui s’est attaché à l’articulation entre le texte et les illustrations puis avec le studio graphique de Dunod pour réaliser la couverture.
En quoi cette BD est-elle un moyen pour attirer les jeunes à s’intéresser au monde de la comptabilité ? Est-ce que votre œuvre se veut didactique ?
Dans un premier temps, je pense que chacun devrait avoir un minimum de culture financière. Mon ouvrage s’adresse à toutes les cibles finalement. Concernant la cible jeunes, la BD permet de lui donner une image de la profession très différente. Et je rêverais qu’elle puisse rentrer dans le programme des classes de première, d’abord dans les lycées technologiques puis généraux. Mon objectif reste de vaincre certaines réticences dans le monde de l’enseignement mais je ne désespère pas d’y arriver ! Je suis persuadée que tout le monde est capable de comprendre les règles de comptabilité et c’est dans cette optique que j’ai mené une longue réflexion pour traduire, de manière abordable, des notions comptables souvent incomprises. Je fais également des interventions pour les entrepreneurs et je pense que cet ouvrage est tout à fait adapté pour leur faire comprendre des notions qui leur échappent souvent. Ils pourront désormais poser les bonnes questions à leur expert-comptable ! Le but reste de dialoguer avec le même langage. Pour y parvenir, j’invite également les lecteurs à s’intéresser au glossaire à la fin de la BD. Pour revenir à la cible jeunes, je pense que l’initiative doit venir des Conseils ordinaux car ce sont eux qui initient et organisent des actions pour elle. Et je sais qu’elles sont nombreuses. Par exemple, les divers tournois entre écoles peuvent être un bon moyen de véhiculer les bons messages ; à cette occasion, il serait sans doute intéressant de distribuer la BD aux enseignants. L’idée de la diffuser au sein des Rectorats me paraît également porteuse !
Pensez-vous qu’il soit possible de concilier l’expertise comptable et l’art comme passion ? Que conseilleriez-vous à un professionnel qui souhaite se lancer dans l’écriture ?
J’ai toujours dit que la comptabilité était un art car on arrive à traduire avec des « T », donc de façon visuelle, toutes les opérations économiques qui affectent une entreprise. Ici l’art est l’écriture et mon ouvrage est « un roman graphique », relié à la BD qui est le 9e art. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé l’association entre comptabilité et art que vous avez utilisée dans votre communication sur les réseaux sociaux ! J’y avais songé mais je ne l’avais pas formalisé ainsi. Si je peux apporter quelques conseils pour guider les consœurs et confrères qui souhaiteraient se lancer comme moi dans une BD ou un roman graphique, je commencerais par leur dire qu’il faut prendre beaucoup de recul sur sa matière pour en donner un caractère « synthétique ». Ensuite, je leur conseillerais de sortir de leur technicité car elle étouffe la créativité, j’en suis intimement persuadée. Enfin, l’essentiel pour écrire est de s’aérer et bien-sûr, dégager le temps indispensable à la réflexion et à l’écriture. En conclusion, je dirais que cette BD est l’aboutissement de ma vie passée dans les chiffres et je suis vraiment ravie qu’elle soit largement diffusée. J’aurais ainsi apporté ma pierre au service de l’intérêt général en améliorant la culture financière des Français.
Ce festival de BD, créé et organisé pour la première fois en 1996 par l’association On a Marché sur la Bulle, avait pour objectif initial de « faire la promotion de la bande dessinée et de ses auteurs ».
Chaque année, le succès et l’ampleur grandissant de l’événement a participé à son retentissement de plus en plus important, allant au-delà des frontières et permettant aux bénévoles de développer le projet.
Pour cette édition 2023, la manifestation a eu lieu tous les week-ends du mois de juin, rassemblant plus de 80 auteurs et autrices autour de nombreux temps forts.
Une opportunité annuelle de découvrir une belle action de la région mais aussi de rencontrer de nouvelles personnalités et de réunir plusieurs passions sur un seul site !
10, rue de Tenremonde – 59000 Lille
03 20 15 80 80