La prévention des difficultés des entreprises

Le rôle de l’expert-comptable est essentiel dans l’accompagnement des entreprises en difficulté. Ce dossier a pour objectif de traiter et d’apporter un éclairage transversal et opérationnel sur le volet de la prévention des difficultés. Tout d’abord, sur la situation régionale des entreprises qui, après avoir affronté les périodes difficiles de la crise sanitaire, se trouvent pour certaines plongées dans une crise énergétique et inflationniste. Ensuite, sur l’accompagnement des acteurs régionaux, disponibles et complémentaires, qui peuvent intervenir de manière rapide et sécurisée. Face aux enjeux de transition, quel est le rôle de l’expert-comptable ? Quels sont les acteurs régionaux ? Quelles sont les étapes dites préventives ? Quelles sont les solutions de financement proposées ?

LE RÔLE ESSENTIEL DE L’EXPERT-COMPTABLE

Après la crise sanitaire liée à la COVID-19, de nombreuses entreprises ont été fragilisées, notamment les TPE/PME. La reprise a été freinée par deux nouveaux facteurs majeurs :

  • la crise énergétique, qui impacte les coûts de production, de transport et d’approvisionnement,
  • l’inflation généralisée, qui pèse sur la trésorerie et la consommation des ménages.

L’expert-comptable est un acteur de proximité et de confiance. Son rôle va bien au-delà de la production comptable : il est conseiller stratégique, veilleur d’alerte et accompagnateur de la gestion de crise. Ses principales missions dans la prévention sont :

  • la détection précoce des signes de difficulté (baisse de la rentabilité, tension sur la trésorerie ou retard de paiement),
  • l’analyse financière approfondie pour diagnostiquer les causes structurelles et conjoncturelles,
  • la mise en place d’un plan d’actions, avec projections budgétaires, tableaux de bord et mesures correctives,
  • l’orientation vers les dispositifs adéquats d’accompagnement et de financement.

 

LES ACTEURS RÉGIONAUX

L’expert-comptable collabore avec plusieurs acteurs, chacun jouant un rôle complémentaire :

  • la Région intervient sur le volet accompagnement et appui financier,
  • la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), avec une représentation régionale et départementale, intervient sur la partie diagnostic et accompagnement à la restructuration,
  • le Tribunal de commerce dont le Président peut proposer. une conciliation ou une procédure de mandat ad hoc,
  • le commissaire aux comptes qui oriente les dirigeants, en lien avec le tribunal de commerce, et permet d’envisager les meilleures solutions pour l’entreprise et ses parties prenantes,
  • l’administrateur ou le mandataire judiciaire, qualifié de « représentant des entreprises en difficulté » intervient dans les procédures préventives, de sauvegarde et de redressement,
  • le Comité Départemental d’Examen des problèmes de Financement (CODEFI), placé sous l’autorité du préfet, intervient pour les entreprises en grande difficulté,
  • le centre de gestion agréé pour les TPE,
  • le réseau consulaire, la BPI, l’Urssaf, la Direccte, le CIP, la Banque de France, les banques et les avocats spécialisés,
  • ou encore les associations œuvrant pour accompagner les difficultés comme ECTI.

 

LA SITUATION ÉCONOMIQUE RÉGIONALE

L’analyse du baromètre Image PME présentée dans la rubrique Santé des entreprises dresse un état de la situation économique régionale au premier trimestre 2025. Grâce aux données provenant de la base Statexpert construite à partir des télédéclarations sociales et fiscales réalisées par les experts-comptables pour le compte de leurs clients, représentant pour la région Hauts-de-France 32 000 TPE/PME, Image PME permet de dresser une analyse récente et fiable. En synthèse, au premier trimestre 2025, les TPE/PME des Hauts-de-France ont connu une croissance modérée mais significative de leur activité économique. L’indice de chiffre d’affaires (ICA) s’établit à 101, soit une progression de 1% par rapport à la même période de 2024, plaçant la région en tête du classement national, avec un écart de +1,3 point sur la moyenne française. Cette performance s’inscrit dans un contexte encore marqué par une hausse des défaillances d’entreprise et une inflation persistante (+0,8% en mars 2025 sur un an). Au niveau de l’évolution géographique de l’activité, les départements les plus dynamiques sont la Somme (+2,1%), le Pas-de-Calais (+2%) et le Nord (+0,7%). L’activité stagne dans l’Aisne (+0,3%) et l’Oise (-0,1%). Certains secteurs affichent une progression notable comme l’optique (+5,4%) portée par le vieillissement de la population et les solutions visuelles avancées, les pharmacies (+4,2%), le transport routier de fret (+4,3%), les agences immobilières (+11,3%) soutenues par la baisse des taux d’intérêt et un effet de base favorable ou encore la réparation automobile (+2,8%).
À l’inverse, certains secteurs peinent à maintenir leur activité comme les boulangeries-pâtisseries (-0,6%) touchées par les coûts énergétiques, la taxe sur les emballages et la concurrence industrielle, la coiffure (-1,8%) confrontée à la baisse de fréquentation, la concurrence du service à domicile et les difficultés de recrutement ou encore l’hébergement et la restauration en recul marqué avec -4,6%.

En conclusion, malgré une croissance globale, la dynamique régionale demeure contrastée, avec des signaux de fragilité : stagnation dans plusieurs départements, tensions inflationnistes, baisse de rentabilité dans certains secteurs-clés et augmentation des défaillances. La résilience des TPE/PME dépendra en grande partie de leur capacité d’adaptation, de diversification et de maîtrise des coûts dans un environnement encore incertain.

Création de la commission “Accompagnement des entreprises & Prévention des difficultés ”

Conscient de l’importance stratégique de l’accompagnement des entreprises en amont de leurs difficultés, le Conseil régional de l’Ordre a décidé de créer une nouvelle commission dédiée à cette mission essentielle. Présidée par Charles LETIERS, elle a d’ores et déjà inscrit plusieurs actions concrètes dans sa feuille de route : deux webinaires programmés en septembre dont un en partenariat avec la Région, un atelier au prochain Campus, un dossier thématique dans ce numéro de Conseils & Perspectives et des rencontres planifiées avec les représentants du monde judiciaire. La commission est ouverte à tous les membres de l’Ordre souhaitant s’impliquer sur ces enjeux cruciaux. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour faire vivre cette dynamique collective au service des entreprises de la région.

Le témoignage

Charles LETIERS,
Président de la commission

L’expert-comptable joue un rôle pivot dans la chaîne de prévention des difficultés des entreprises. Grâce à sa vision globale de l’entreprise et son réseau de partenaires, il peut anticiper les risques, orienter vers les bons interlocuteurs et favoriser la pérennité des structures, en particulier dans un contexte économique incertain. La clé réside dans la réactivité, la transparence et la mobilisation des outils disponibles dès les premiers signaux d’alerte. La commission du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables Hauts-de-France travaillera dans ce sens ; elle s’attachera à sensibiliser la profession à travers des actions ciblées et à nouer des relations fortes avec les acteurs régionaux dans l’objectif de travailler de manière efficace et rapide, en parfaite complémentarité.

L’INTERVIEW

Michaël THYSEN, Administrateur judiciaire

Pourriez-vous vous présenter et expliquer le rôle d’un administrateur judiciaire ?

Je suis Maître Michaël THYSEN, administrateur judiciaire et fondateur de l’étude Help Partners basée à Tourcoing avec une antenne prochainement à Paris. Nous bénéficions d’une compétence nationale. L’administrateur judiciaire, « ange gardien des entreprises », intervient en matière civile (copropriété, indivision, succession, etc.) et commerciale dont l’essentiel de notre activité concerne les entreprises en difficulté mais aussi les administrations provisoires ou les liquidations amiables de sociétés.

Comment décririez-vous la situation économique actuelle dans les Hauts-de-France ?

Les entreprises des Hauts-de-France, comme au niveau national, connaissent actuellement plus de défaillances qu’en période COVID. Rien d’alarmant pour l’instant : avant la crise, on comptait 55 à 60 000 procédures collectives par an. Durant le COVID, les aides de l’État, dont les PGE, ont freiné les dépôts de bilan. Néanmoins, la situation pourrait devenir inquiétante si le volume dépassait les 60 000. Dans la région, entre 2020 et 2022, environ 15 000 défaillances ont été évitées grâce aux dispositifs mis en place. Depuis 2023, les chiffres repartent à la hausse, mais restent contenus.

En tant qu’administrateur judiciaire, comment accompagnez-vous les entreprises en difficulté ?

Nous accompagnons les entreprises en difficulté par des procédures préventives ou collectives. Les trois procédures préventives, confidentielles, sont le mandat ad hoc, la conciliation (les plus connues) et le règlement amiable agricole. Elles permettent au dirigeant de garder la main, ce qui est important psychologiquement, avec un taux de succès d’environ 75% dont les honoraires peuvent être pris en charge par l’assurance RCMS. Ces procédures s’adressent aux entreprises n’étant pas en cessation des paiements depuis plus de 45 jours. Au-delà, la loi impose soit un redressement judiciaire, soit une liquidation judiciaire. La mission de prévention est définie par le Président du Tribunal de commerce dans l’ordonnance qui nous désigne. Le mandat ad hoc est la procédure la plus souple. La conciliation offre des leviers supplémentaires. En cas d’échec, la liquidation judiciaire, souvent immédiate, concerne 70 à 80% des dossiers, tandis que la sauvegarde ou le redressement judiciaire permettent des plans adaptés, parfois sur mesure. Consulter tôt maximise les chances de succès.

Présentez-nous les grandes étapes de la procédure de prévention ?

Pour lancer une procédure préventive, il faut déposer une requête avec une convention d’honoraires signée. Il est donc essentiel de consulter un administrateur judiciaire pour valider la procédure (absence de cessation des paiements depuis plus de 45 jours). Le client est convoqué alors à un entretien confidentiel avec le Président du tribunal de commerce, souvent accompagné de son expert-comptable. Après validation, une ordonnance est rendue sous 72h, puis la mission démarre (rassemblement des documents avec l’expert-comptable, négociation avec les créanciers, etc.)

Comment travaillez-vous avec la profession dans le cadre de la prévention des difficultés ?

L’expert-comptable est essentiel pour la partie chiffrée de la requête, avec un prévisionnel rapide avant l’ouverture de la procédure, afin de convaincre le Président du tribunal de commerce de la pérennité de l’entreprise. Durant la procédure, un prévisionnel détaillé, parfois avec plusieurs scenarii, est nécessaire. Il fournit aussi le mapping de la dette bancaire, les bilans et les attestations pour obtenir un fonds de premier secours. Plus la consultation est précoce, meilleures sont les chances de prévention (75% de succès) face aux procédures collectives souvent synonymes de liquidation (70-80%).

IMPLICATION ET AIDE DE LA RÉGION HAUTS-DE-FRANCE

Consciente des enjeux de sauvegarde de son tissu industriel, la Région Hauts-de-France se mobilise pour l’accompagnement des entreprises en difficulté. Depuis plus de 10 ans, une équipe de 5 experts, répartis sur l’ensemble du territoire, assiste les dirigeants confrontés à des problématiques économiques, en s’attachant à en diagnostiquer les causes plutôt qu’à en constater les conséquences financières. En lien avec les acteurs judiciaires, du restructuring et du monde économique tels que les experts-comptables, elle aide à repenser le business model pour construire un plan de redressement. Dans un contexte de mutation profonde, la Région propose aussi un accompagnement par des spécialistes pour analyser les volets stratégiques de l’entreprise (commercial, production, organisation, gouvernance, digital, finance…) et identifier les leviers d’adaptation. Les actions qui découlent de cette analyse sont parfois coûteuses et nécessitent la levée de financements complémentaires. À cet effet, la Région a développé une palette d’outils sous forme de prêts de soutien en trésorerie répondant à toutes les tailles d’entreprises. L’idée de l’intervention financière est de faire effet de levier auprès des partenaires financiers (actionnaires et banques) qui se sentent en confiance par la caution donnée par la Région. Elle mobilise aussi ses capacités d’intervention en garantie de prêts ou en fonds propres au travers de la BPI, du Fonds Régional de Garantie ou des fonds d’investissement régionaux (Finorpa, Picardie Investissement, Reboost, FE2T, etc.). Enfin, en cas de situation irrémédiablement compromise, la cession à un tiers peut sauver l’activité. La Région et ses partenaires aident et soutiennent le dirigeant à envisager cette option et à trouver un repreneur pour préserver emplois et continuité d’activités.
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LES AIDES RÉGIONALES DANS L’ACCOMPAGNEMENT DES DIFFICULTÉS

4 aides sont proposées par la Région et se caractérisent par des prêts de soutien de trésorerie :

  1. le Fonds de Premiers Secours (F1PS) dont l’objectif est le soutien d’urgence aux entreprises en difficulté en lien avec les tribunaux de commerce. Depuis 2018, 719 entreprises (dont les secteurs principaux sont le BTP / second œuvre, le commerce et les bars/restaurants) ont été aidées représentant 26,6 millions d’euros de prêts décaissés soit un montant moyen de 37k euros. 3849 emplois ont été sauvegardés.
  2. le Fonds de Premiers Secours + (F1PS+) a été lancé en janvier 2024. À ce jour, 5 entreprises (dont les secteurs principaux sont les services aux entreprises, l’industrie et les bars/restaurants) ont d’ores et déjà été aidées représentant 500k euros de prêts décaissés soit un montant moyen de 100k euros. 137 emplois ont été sauvegardés.
  3. le Fonds Hauts-de-France Prévention dont l’appui est proposé en partenariat avec la CCI Hauts-de-France. Depuis 2018, 146 entreprises (dont les secteurs principaux sont l’industrie, le BTP et les services à la personne) ont été aidées représentant 22,5 millions d’euros de prêts décaissés soit un montant moyen de 155k euros. 5913 emplois ont été sauvegardés.
  4. l’Aide à la consolidation financière COFI dont le montant minimum est de 300k euros. Depuis 2017, 106 entreprises ont été aidées représentant 64,9 millions de prêts décaissés soit un montant moyen de 612k euros. 15374 emplois ont été sauvegardés.

L’INTERVIEW

Philippe BEAUCHAMPS, Vice-Président de la Région Hauts-de-France en charge des entreprises, de l’emploi et de la formation professionnelle
©Région-Hauts-de-France

Comment agit la Région sur le volet de la prévention des difficultés ?

On pense souvent, à tort, que la Région n’apporte qu’un soutien financier. En réalité, elle mobilise un réseau d’élus et de services experts dans l’accompagnement des entreprises en difficulté. Créée à l’initiative du Président BERTRAND et de son exécutif, une équipe dédiée intervient depuis près de 10 ans et est naturellement devenue spécialiste du sujet. Elle oriente, anticipe et active les bons leviers : protection judiciaire via les tribunaux de commerce, contact avec la DGE, aides régionales… Chaque situation est unique mais des fondamentaux existent. Au-delà du financement, la Région offre un vrai savoir-faire et propose le mode d’emploi pour détecter les signaux faibles et agir efficacement.

Comment considérez-vous actuellement la situation économique des entreprises dans les Hauts-de-France ?

La situation économique régionale actuelle est inégale et contrastée : certaines entreprises surperforment tandis que d’autres demeurent fragilisées depuis la crise sanitaire, en particulier avec le remboursement du PGE. À cela s’ajoutent la crise énergétique et les incertitudes liées à l’export. Un élément est important : le monde économique redoute l’instabilité. La dissolution de juin 2024 et ses conséquences interrogent. La censure, souvent sous-estimée, a un impact bien plus direct et immédiat sur l’économie qu’on ne l’imagine.


“Plus un dirigeant agit tôt, plus il peut se placer sous protection du tribunal de commerce (mandat ad hoc ou conciliation) et plus l’accompagnement régional est pertinent.”


 

Quelles sont les aides et dispositifs que vous souhaitez mettre en avant auprès de la profession d’expert-comptable ?

Les quatre aides régionales précédemment présentées sont toutes profitables mais leur efficacité dépend de l’anticipation. Plus un dirigeant agit tôt, plus il peut se placer sous protection du tribunal de commerce (mandat ad hoc ou conciliation) et plus l’accompagnement régional est pertinent. Les représentants des tribunaux, eux-mêmes entrepreneurs, sont là pour aider, pas pour juger.
Il ne faut pas hésiter à franchir leurs portes, ni celles de la Région. Nous savons que les difficultés peuvent vite s’enchaîner. 70 % des entreprises qui anticipent par un mandat ad hoc ou une conciliation sont sauvées et 70 % des entreprises qui se dirigent vers le redressement judiciaire, donc plus tardivement, sont liquidées. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : anticiper, c’est sauver !

Concrètement, comment un expert-comptable peut être accompagné par la Région sur le dossier de la prévention des difficultés des entreprises ?

La Région entretient déjà des liens avec la profession. Certains experts-comptables nous sollicitent sur des dossiers, ce qui permet de les mettre en relation avec les tribunaux de commerce et de leur présenter administrateurs ou mandataires. Nous connaissons l’ensemble des acteurs régionaux de la prévention. La Région agit avec transparence et confidentialité. Les experts-comptables ne doivent pas hésiter à nous contacter. Le site et le numéro mentionnés page précédente sont utiles, tout comme l’adresse e-mail : entreprises@hautsdefrance.fr.

L’ASSOCIATION ECTI 

Le Conseil régional de l’Ordre s’est associé à ECTI Hauts-de-France pour renforcer l’accompagnement des dirigeants sur le territoire. Dans le cadre de la prévention des difficultés, ce rapprochement est particulièrement cohérent pour la profession qui peut s’appuyer sur des experts séniors bénévoles pour accompagner les dirigeants sous forme de mentorat. Une charte commune formalise les axes d’intervention auprès des entreprises des Hauts-de-France. ECTI est une association nationale et indépendante de « bénévolat de compétences » créée il y a près de 50 ans et reconnue d’utilité publique. Elle fait appel à des cadres et techniciens retraités bénévoles (près de 2000 au plan national et 130 au plan régional) qui accompagnent dans leurs problématiques, les entreprises, les collectivités locales ou encore les organismes de formation.
Signature de la charte commune en 2024 en présence de Daniel CHARRIER et Corinne RENART

L’INTERVIEW FLASH

Olivier SOELS, Dirigeant de la société SOELS ELECTROTECH

Présentez-nous brièvement votre entreprise et dans quel contexte est intervenue l’association ECTI ?

Mon entreprise, basée dans le Nord, propose des prestations techniques industrielles et compte 30 salariés. Tout d’abord, j’avais l’impression de stagner en matière de croissance et je réfléchissais à une réorganisation. De plus, la crise sanitaire et la pénurie des composants ont fortement impacté la société. En discutant de cela avec mon expert-comptable, l’accompagnement d’ECTI correspondait à mes besoins : prendre du recul et le temps de la réflexion, sortir de la technicité liée au secteur pour se fixer des objectifs et faire de nouveaux choix de développement et de restructuration.

Quels sont les résultats de cette intervention ? Et selon vous, quels sont les avantages ?

Le bilan est très positif. Les bénévoles sont non seulement très expérimentés mais ils sont neutres. Cela constitue un gros avantage, ils n’ont qu’un objectif : apporter aide et soutien sans enjeu financier. J’ai également apprécié les techniques de communication utilisées et bien maîtrisées, j’ai beaucoup parlé et ils ont été très à l’écoute. La démarche est bienveillante, professionnelle et particulièrement constructive. Finalement, le mentorat avec ECTI m’a permis de formaliser un plan stratégique à 3 et 5 ans.

Comment intervient l’association pour accompagner les entreprises ?

ECTI propose trois sessions de mentorat de deux heures environ, appelées entretiens de qualification, pour appréhender l’entreprise et ses enjeux. Ces rendez-vous offrent une prise de recul stratégique et structurent la réflexion du dirigeant. La démarche s’articule en trois étapes : 1) diagnostic pour clarifier la situation, 2) hiérarchisation des axes de développement prioritaires et 3) élaboration d’un plan d’actions avec définition d’une ambition précise. À l’issue, un accompagnement ciblé est proposé, avec sélection de l’expert le plus adapté aux besoins du chef d’entreprise.

Daniel CHARRIER, Délégué Régional ECTI Hauts-de-France

Pour aller plus loin, rendez-vous sur ecti-hautsdefrance.fr

ET APRÈS LA LIQUIDATION ? COMMENT REBONDIR ?

La détection, le plus tôt possible, des difficultés d’une entreprise est la clé pour assurer sa pérennité. Malheureusement et malgré les bonnes volontés, certaines entreprises sont contraintes de procéder à une liquidation. Durant cette étape, il est nécessaire que le dirigeant soit soutenu pour l’aider à rebondir. Les pertes, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, peuvent parfois être importantes et trouver le bon accompagnement est indispensable. La liquidation d’une entreprise est une étape émotionnelle marquant la fin d’une aventure. Qu’elle soit amiable ou judiciaire, la liquidation est une période durant laquelle le rôle de l’expert-comptable est essentiel, il propose notamment des stratégies pour minimiser les impacts négatifs et envisager l’avenir. Il existe également des structures pouvant accompagner le dirigeant et compléter l’action de l’expert-comptable. C’est le cas de l’association 60 000 Rebonds qui œuvre dans la région pour aider les entrepreneurs à se relancer en tentant de changer le regard sur l’échec.

L’INTERVIEW FLASH

Christian DESSAIGNE,
Président de 60 000 Rebonds Hauts-de-France

Présentez-nous l’association 60 000 Rebonds

60 000 Rebonds Hauts-de-France est une association qui s’engage aux côtés des entrepreneurs ayant connu une liquidation judiciaire. Notre mission ? Leur permettre de se reconstruire humainement et professionnellement, pour retrouver confiance, dignité et perspectives d’avenir. Parce qu’un échec entrepreneurial ne devrait jamais être une fin en soi, nous offrons un cadre bienveillant, solidaire et structurant pour les aider à rebondir et écrire un nouveau chapitre, qu’il soit salarial ou entrepreneurial. Notre force, c’est notre réseau de bénévoles : coachs certifiés, parrains chefs d’entreprise ou cadres dirigeants, experts métiers… Tous unis autour d’un objectif commun : faire grandir la personne autant que le projet. À travers un accompagnement humain, gratuit et durable, nous contribuons à faire évoluer les regards sur l’échec, et à replacer la résilience au cœur du parcours entrepreneurial.

Concrètement, comment accompagnez-vous le dirigeant qui connaît une liquidation ?

L’accompagnement proposé dure jusqu’à 24 mois et repose sur deux piliers complémentaires :

  • un accompagnement individuel : chaque entrepreneur est suivi par un coach, qui l’aide à reconstruire son socle personnel, et un parrain, qui l’accompagne dans la réflexion et la mise en place de son futur projet professionnel. Il peut bénéficier également de conseils d’experts (banquier, RH, marketing, juridique…)
  • une dynamique collective : chaque mois, les entrepreneurs participent à des réunions réunissant l’ensemble des bénévoles et des entrepreneurs accompagnés. Des ateliers de codéveloppement, le parcours ENVOL (pour les projets entrepreneuriaux) et ELAN (pour les projets salariés), les témoignages d’entrepreneurs ayant rebondi, viennent compléter l’accompagnement. Le tout dans une ambiance de confiance, de non-jugement, et avec une énergie tournée vers l’action !


Avez-vous des chiffres clés pour la région Hauts-de-France ?

En 2024, ce sont 138 entrepreneurs en rebond qui sont accompagnés en Hauts-de-France, soutenus par 256 bénévoles engagés. Le tout réparti sur 8 antennes locales : Lille Métropole, Artois, Côte d’Opale, Hainaut, Oise Beauvais, Oise Compiègne, Somme et Flandres. Au vu du contexte économique, l’enjeu à venir est d’accueillir toujours plus d’entrepreneurs en rebond (170 en 2025) et de bénévoles (300).